Contrer la haine : identifier les lacunes et les synergies dans la prévention en Europe

8 juin 2021
Les discours de haine, la discrimination et l'incitation précèdent souvent la commission d'atrocités de masse. Amplifiée par la technologie et la pandémie de COVID-19, la montée de la haine en Europe rappelle que, malgré son histoire, la région n'est pas à l'abri. Bien que les pays européens soient confrontés à des défis similaires, il existe des lacunes importantes dans la connaissance mutuelle et l'interconnexion de ces efforts de prévention.

Identifier certaines de ces lacunes, ainsi que les besoins des acteurs de l’État et de la société civile pour lutter contre la haine et l’incitation à la haine en Europe, tel était l’objectif de l’atelier du Forum FriEnt sur la consolidation de la paix, co-organisé par le Groupe de travail sur la paix et le développement (FriEnt) et le Département Fédéral des Affaires Etrangères Suisse avec le soutien de GAAMAC.

“Nous n’avons pas besoin de réinventer la roue. Nous faisons déjà beaucoup de choses pour prévenir, mais peut-être ne nous considérons-nous pas comme des acteurs de la prévention”, a déclaré la modératrice de la table ronde, Mô Bleeker,, envoyée spéciale pour le traitement du passé et la prévention des atrocités au Département Fédéral des Affaires Etrangères (DFAE) et conseillère spéciale de GAAMAC..

Les intervenants : Dr Kate Ferguson, Co-directrice exécutive et responsable de la recherche et de la politique chez Protection Approaches,Martine Brunschwig-Graf, présidente de la Commission fédérale suisse contre le racisme et Velma Šarić, fondatrice et présidente du Post-Conflict Research Center,ont donné un aperçu des opportunités et des défis en matière de prévention et de lutte contre la haine en Europe et au-delà.

“Comment nous préparer et prévenir des crises que nous ne pouvons pas encore voir ?” a demandé le Dr Ferguson. Elle a souligné l’importance de comprendre les causes profondes de la violence basée sur l’identité pour aider à concevoir des stratégies de prévention. Mme Brunschwig-Graf a souligné que “pour prévenir les atrocités, nous devons éduquer et préparer les enfants et les jeunes à l’histoire, au présent et à la fragilité de la paix”. Mme Šarić a souligné l’importance du renforcement de la communauté et de l’éducation, en mettant l’accent sur la nécessité de modifier les programmes scolaires afin d’inclure l’enseignement de l’histoire sous plusieurs angles et d’atteindre les jeunes par des approches innovantes et créatives.

Quelles sont certaines des causes profondes de la haine et de la violence fondée sur l’identité dans votre contexte ? Quels sont les mécanismes ou stratégies de prévention efficaces qui ont été/peuvent être développés au niveau national ? Que faut-il faire pour donner la priorité à la prévention à long terme au niveau régional ? Telles étaient quelques-unes des questions adressées aux panélistes et aux participants lors de la partie interactive de l’atelier, animée par Christian Schläpfer, coordinateur de la Taskforce Traitement du passé et prévention des atrocités au DFAE.

Voici les principales conclusions des participants et intervenants de l’atelier :

  • La prévention est un effort permanent et aucun pays n’est à l’abri.
  • Comprendre les causes profondes nous aide à élaborer des stratégies de prévention.
  • Des formes de violence apparemment sans lien entre elles ont souvent des causes similaires.
  • Il est de notre responsabilité collective de prévenir les atrocités.
  • L’éducation et la sensibilisation des jeunes sont essentielles pour prévenir la haine et nous avons besoin d’un enseignement de l’histoire à perspectives multiples.
  • Apprendre à lire le passé pour comprendre le présent et concevoir des actions pour l’avenir est une tâche importante pour les écoles.
  • Le pouvoir des réseaux et l’utilisation des synergies sont essentiels.
  • Nous devons mieux équiper les sociétés en développant des mécanismes nationaux.
  • Comment s’engager auprès de ceux qui expriment la haine ?
  • Principales priorités pour assurer une prévention à long terme : éducation civique, institutions démocratiques durables, définition des personnes à inclure, soutien aux organisations locales, renforcement des communautés.

La conversation sur ce sujet se poursuivra lors de la quatrième conférence internationale de GAAMAC (GAAMAC IV) qui se tiendra en ligne du15 au 18 novembre 2021 et portera sur le “Renforcement des efforts nationaux pour lutter contre les discours de haine, la discrimination et prévenir l’incitation”.

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