La Coordination africaine des droits de l’homme pour les forces armées (CADHA) a été créée en 2011, à la suite d’une période d’instabilité politique en Côte d’Ivoire. D’une initiative locale, elle s’est développée pour intervenir dans 17 pays africains et former plus de 24 000 membres des forces armées. Elle a contribué au retrait de la Côte d’Ivoire de la “liste de la honte” des Nations unies des pays où la violence sexuelle a été utilisée comme arme de guerre. À ce jour, c’est le seul pays à l’avoir fait.
CADHA contribue à l’intégration des droits de l’homme dans les forces armées par plusieurs moyens, a expliqué son coordinateur général, M. Bakari Diaby. Ses actions couvrent l’ensemble du spectre politique et judiciaire, de la sensibilisation structurelle au suivi sur le terrain :
- La CADHA organise des formations pour tous les corps des forces armées de Côte d’Ivoire, avec un accent particulier sur les chefs et les commandants.
- Elle opère également depuis les casernes de l’armée, ce qui lui permet de surveiller les abus et de les transmettre aux supérieurs hiérarchiques, voire aux juridictions militaires.
- Elle gère un numéro de téléphone où les abus commis par les forces armées peuvent être signalés et traités.
- Inversement, elle visite les audiences des cours martiales et les centres de détention militaires, en veillant à ce que les droits des accusés soient respectés.
- Elle plaide pour que les formations militaires générales incluent des sessions sur les femmes, les réfugiés et les autres personnes vulnérables.
- Elle organise des séances d’information devant les organes élus, à travers tout l’éventail politique, afin de “combler les lacunes de la loi et de consolider les institutions”.
Défis permanents et périodes à haut risque
Interrogé sur les défis actuels, M. Diaby a cité les bas salaires et l’analphabétisme du personnel des forces armées. Il a également souligné la disparité entre les sexes, puisque seulement 2 % des recrues sont des femmes.
Il a également fait remarquer que certaines périodes sont plus sensibles que d’autres, citant à plusieurs reprises les élections comme un contexte à haut risque pour les droits de l’homme. Il a recommandé de mettre en place des mécanismes de contrôle dès les premiers jours de la campagne, afin d’étouffer dans l’œuf tout discours incitatif. Parmi les autres forces déstabilisatrices en Afrique de l’Ouest, M. Diaby a cité le terrorisme et l’afflux de réfugiés, ces derniers étant particulièrement exposés aux violations des droits de l’homme.
Dans ses conclusions, Bakari Diaby a souligné l’importance de l’implication des civils et des militaires pour améliorer la préparation et la résilience. “La population doit collaborer avec les forces armées et non les craindre”, a-t-il déclaré. “Nous devons favoriser une collaboration civile et militaire”.
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